[ANNIVERSAIRE]
Le 18 juillet 1916, le graveur Arthur Edmond Guillez meurt à l’Hôpital de Chalons-sur Marne.
Né à Valenciennes en 1885, Il est élève de Layraud aux académies de la ville. A Paris, il est celui de Bonnat, puis de Luc-Olivier Merson, qui voit en lui « un très bon élève ». En 1912, il reçoit le deuxième second prix de Rome de gravure, avec une « Académie d’après nature », en taille-douce.
Il est mobilisé lors de la Grande Guerre, soldat au 13ème régiment d’artillerie, et combat dans la Meuse, aux Eparges. Promontoire permettant de surveiller la plaine de la Woëvre, au sud de Verdun, la crête des Eparges a été l’objet de toutes les convoitises, françaises et allemandes, les deux armées s’entretuant pour prendre, perdre et reprendre ces quelques arpents de fange dévastée.
Maurice Genevoix, qui a combattu au même endroit, mais qui s’en est sorti, malgré trois blessures par balles, témoigne : « Cette guerre est ignoble : j’ai été, pendant quatre jours, souillé de terre, de sang, de cervelle. J’ai reçu à travers la figure un paquet d’entrailles, et sur la main une langue, à quoi l’arrière-gorge pendait… ».
Guillez y réalise de nombreux portraits de ses compagnons d’infortune, de paysages dévastés, mais aussi de cantinières, mais n’illustre pas l’ignominie des combats décrite ci-dessus.
En avril 1916, un obus provoque l’écrasement de notre artiste sous une plaque de blindage. Evacué seulement le lendemain, il contracte une maladie pulmonaire qui l’emportera en trois mois. Décédé d’une maladie contractée durant le service, il est déclaré Mort pour la France, de tuberculose pulmonaire (Voir sa fiche sur le site « Mémoire des Hommes »)
Ses restes seront transférés après la guerre au cimetière Saint-Vincent, au pied de la butte Montmartre, à Paris, sous un monument orné de bas-reliefs et de son buste par Alfred Bottiau.
Après la guerre, le musée cherche à acquérir des œuvres des artistes locaux morts « pour la France » (il y a aussi René Mirland), mais les finances sont absorbées par la remise en état du bâtiment fort endommagé par la guerre. En 1920 l’Etat met en dépôt à Valenciennes une peinture : « Mise au tombeau », d’après Titien. La même année, la famille offre onze dessins et deux peintures. D’autres œuvres seront données par la famille en 1931.
Parmi les peintures offertes en 1920 : le tableau « Sous le drapeau », daté de 1912, donc avant la guerre, représente un soldat portant son compagnon mort… Triste prémonition.
M.G.
Arthur Guillez : Portrait du soldat Fontaine : « Avant l’attaque, sous les obus », 30 août 1914.
Alfred Bottiau : Buste d’Arthur Guillez (plâtre)
Arthur Guillez : Un abri aux Eparges, Poste de commandement de la 8éme Cie.
Les Eparges, juillet 1915 : Visite d’un aumônier dans une tranchée, auprès de lui, le Lieutenant de Butler et le Capitaine Vidal (Collection de la famille de Butler)