Quatre bonnes raisons d’aller voir l’expo À poils et à plumes au musée de Flandre
Depuis le 4 mars et jusqu’au 9 juillet, le musée de Flandre à Cassel propose l’exposition À poils et à plumes qui fait la part belle à l’art contemporain belge. Les œuvres modernes, parfois radicales mais toujours dans la réflexion et l’émotion, dialoguent avec des œuvres anciennes.
Des œuvres choc
Oui, parmi les œuvres contemporaines des neuf artistes belges de l’exposition, certaines sont plus provocatrices. Cela pourrait être le cas de l’installation ci-contre baptisée In Flanders fields signée Berlinde de Bruyckere, née en 1964. Trois chevaux, réalisés en moulage et peaux récupérées dans des abattoirs, figurent la barbarie des champs de bataille de la Première Guerre mondiale, les cicatrices toujours présentes... « Je pense que les gens s’attendent à être dérangés », confie Sandrine Vézilier-Dussart, directrice du musée de Flandre.
Elle justifie également l’absence de petites pancartes explicatives à côté des œuvres : « On voulait laisser l’émotion et le questionnement s’exprimer en premier, sans perturber le regard, sans orienter l’interprétation. » Un livret de visite est remis aux visiteurs pour leur donner, dans un deuxième temps, des explications sur les œuvres contemporaines, et plus anciennes.
Re)découvrir la collection permanente
Pour cette exposition À poils et à plumes, qui met en écho des œuvres contemporaines et anciennes, le musée a aussi puisé dans sa collection permanente. L’occasion par exemple de (re)découvrir Mechelse Bresse, croisement fantasque réalisé par Koen Vanmechelen entre un poulet flamand et un poulet de Bresse (en bas à droite), propriété du musée depuis les années 2010. Il est exposé façon cabinet de curiosité, avec plusieurs œuvres, fruits de son travail sur les croisements entre animaux comme Chida (en bas à droite), qui ne mélange pas deux espèces mais deux techniques : taxidermie et sculpture du marbre.
Le hibou de Jan Fabre exposé en début de parcours fait aussi partie du fond du musée, tout comme Paradise, œuvre photographique très grand format qui clôt l’exposition.
Quant aux tableaux classiques, comme La Sainte Trinité attribuée à Peter Coeck d’Alost, elles trouvent une dimension nouvelle dans ce dialogue avec l’art contemporain.
Jan Fabre à l’honneur
L’artiste né à Anvers en 1958 est celui qui expose le plus d’œuvres dans cette exposition. Cela peut paraître paradoxal quand on découvre ses œuvres mais, comme l’explique Sandrine Vézilier-Dussart, « c’est celui dont les liens avec la peinture flamande sont les plus évidents. On peut se rendre compte d’une filiation avec la tradition, que l’artiste contemporain ne crée pas ex nihilo ».
Parmi ce que Jan Fabre expose à Cassel, Engel : Revelation (détail sur la photo ci-dessous).
Au fil des salles du musée, le visiteur découvre que l’animal peut, pour ces artistes contemporains, « être utilisé comme matière ou pour ce le concept qu’il symbolise ».
De la poésie
La force de cette exposition, c’est aussi de jouer sur les contrastes, de montrer que les artistes contemporains peuvent aussi faire le choix du ludique et de l’absurde pour faire passer leurs idées. C’est notamment le parti pris de Patrick van Caeckenbergh. Il expose Cheval, sa première œuvre (photo ci-dessous), « sur le thème de l’animal, mais de manière décalée et ludique. Il ne se prend pas au sérieux, mais il interroge quand même des notions de conservation, de surconsommation, de possession », analyse Marie Montet, chargée des publics au musée.
Cet « artiste bricoleur crée à partir d’objet du quotidien, ici c’est sa table, ses assiettes, et il a fait les bocaux lui même. » À voir aussi, toujours de Patrick van Caeckenbergh, Tortue, ou encore les portraits photos d’hommes avec des têtes d’animaux, critiques de la société capitaliste, de l’artiste Marie-Jo Lafontaine.
Le musée de Flandre, à Cassel est ouvert du mardi au samedi de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h, le dimanche de 10 h à 18 h.
Le musée met à disposition des livrets de visite pour adultes, livrets de jeux pour les 7-12 ans. Visites guidées, gratuites, le samedi et dimanche à 14 15 et 15 h 30, pendant les vacances : du mardi au vendredi à 14 h 15.
Nombreuses animations : le 8 avril : regards crosiés entre un chercheur et un philosophe sur les animlaux, le 23 avril : exploration musicale et dansante avec atelier famille dès 4 ans... Visites guidées en audio-description (14 juin) et langue des des signes (18 juin).
Toutes les infos sur museedeflandre.lenord.fr.