Enquête sur un buste
[ANNIVERSAIRE]
On peut lire dans l’ « Armena d’Valinciennes et des invirons » de 1906 la nécrologie suivante :
« La mort, l’implacable faucheuse, a frappé dans nos rangs et endeuillé notre ville.
M. Debiève Anatole, député de la 1ère circonscription, est décédé en son domicile, le vendredi 10 mars 1905. Ses funérailles purement civiles ont donné lieu à une importante manifestation sympathique et politique en l’honneur du défunt.
M. Anatole Debiève était officier de la légion d’honneur, député du Nord, président du tribunal de commerce de Valenciennes, adjoint au maire de Valenciennes, censeur de la banque de France. Il est inhumé dans le caveau de famille, à St-Wast-la-Vallée. »
Un comité se forme pour orner la tombe d’un buste commémoratif, lançant une souscription dont les résultats dépassent toutes les espérances, et le 19 mars 1906, voici tout juste 111 ans, une cérémonie est organisée au cimetière à l’occasion de la pose du buste, réalisé par Gauquié.
L’excédent de recettes sera utilisé pour la fonte d’un deuxième buste, un peu plus petit, qui sera offert au musée l’année suivante. C’est une chance, car si le buste du musée est toujours présent dans les réserves, celui du cimetière n’est plus qu’un souvenir. Ayant vu le buste du cimetière y a quelques années, j’ai voulu en faire une photo récemment, mais la tombe Debiève a disparu.
Vous n’aurez donc en illustration que le buste du musée, bronze, sur piédouche de marbre, inventaire S.88.64.
MG
Le cimetière de Saint-Vaast-la Vallée en 1994, avec le monument encore existant.
La Honte...
C'étais quasiment la seule tombe intéressante du cimetière de Saint-Waast-la-Vallée, dans l'Avesnois. Sculpté de bas en haut, et surmonté d'un buste de bronze, par Henri Gauquié, le monument occupait une '"concession à perpétuité". Anatole Debiève était officier de la légion d’honneur, député du Nord, président du tribunal de commerce de Valenciennes, adjoint au maire de Valenciennes, censeur de la banque de France... Pas n'importe qui, donc. Il est mort en 1905. Un comité avait fait appel à la générosité publique pour réaliser le buste, et une cérémonie avait été organisée le 19 mars 1906 à l'occasion de sa mise en place.
Mais ça c'était avant... Toute trace de ce monument a disparu du cimetière à une date indéterminée.
La photo ci dessous date de 1994, et le monument n'avait pas l'air dégradé... Or, la seule possibilité de reprise d'une concession à perpétuité est un constat d'abandon...
Merci, et Honte, donc à la municipalité de la commune!
Si quelqu'un sait si (au moins) le buste de bronze a été conservé, cela m'intéresse...
M.G.
La honte... suite.
Je suis repassé ce matin au cimetière de Saint-Waast-la-Vallée, avec ma photo de la tombe d'Anatole Debiève... qui existe en fait encore en partie.
Si la législation a été suivie, c'est sous la municipalité de Charles Degardin que la procédure d'abandon a été effectuée: Rien n'était affiché sur la sépulture en 1994, et donc la procédure n'était pas engagée, et Charles Degardin est maire depuis 1983).
Hélas, la loi laisse le flou le plus artistique autur de la notion d' "abandon": A Jenlain parmi les critères retenus (affichés à l'entrée du cimetère), on trouve "absence de visite" (je ne sais pas comment cela peut se prouver, d'ailleurs ma visite de ce matin n'a pas été relevée), ou non dépôt de fleurs...
A l'issue de la procédure, les restes du député ont donc du être transférés vers un ossuaire, et la concession est redevenue propriété de la commune. Trente jours après, le maire pouvait faire enlever les matériaux et emblèmes funéraires, devenus propriété de la commune, qui pouvait les utiliser comme bon lui semble (destruction, revente ...).
La concession a donc été reprise, et le monument conservé (le critère d'abandon constituant un danger est donc à exclure), à l'exception du buste de bronze. Le concessionnaire actuel, propriétare du monument n'est autre que Charles Degardin, maire de la commune, mais je meg arde d'en tirer quelque conclusion que ce soit. Le monument a été affublé d' un crucifix, remplaçant le buste, alors même que les funérailles initiales de Debiève avaient été civiles... Et le pauvre Debiève n'a même plus sa tombe pour s'y retourner.
M.G.