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Amis du Musée de Valenciennes
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Amis du Musée de Valenciennes
19 juin 2020

Le syndrome de Stendhal

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L'OEUVRE COUP DE CŒUR
Le syndrome de Stendhal, le connaissez-vous ?
Ce moment où trop de beauté peut vous couper le souffle, vous faire perdre l’équilibre, vous faire perdre connaissance, ou même vous angoisser.
Cet état peut être parfois ressenti lorsqu'une oeuvre d'art se révèle à vous.

Alors aujourd'hui (ne vous inquiétez pas, l'équipe du musée va bien ☺️), Laurent, notre régisseur des œuvres, va vous parler de son oeuvre "coup de cœur", son syndrome de Stendhal ;)

"La Vierge allaitant Jésus" d'Adriaen Isenbrant ( ? - Bruges 1551)
"Peinture à l'huile sur bois. Flandre, début 16e siècle.
De construction triangulaire, la Vierge a le visage et le regard baissés en signe d'humanité. Elle tient sur ses genoux l'Enfant Jésus, lui présentant son sein. Son visage est d'une grande finesse dans la tradition des "Vierge à l'Enfant" chez les Primitifs flamands. L'Enfant Jésus est encore représenté comme fréquemment au Moyen-Age : habillé avec une tête adulte et une calvitie, comme un enfant vieillard, représentation de la Sagesse de Dieu. Notons la finesse et la transparence de son voile symbolique de pureté. Le bleu représentatif de la Vierge domine la construction et aide la perspective arrière où apparaissent des éléments de paysage dont des montagnes, nous rappelant l'intérêt des peintres du Nord pour les Alpes qu'ils ont pu voir en se rendant en Italie ou dans des recueils de gravures diffusés en quantité importante dès le 15e siècle.
Au 14e siècle, le thème de la Vierge et l'Enfant évolue : la Vierge en Majesté auréolée d'or, héritée de l'art byzantin, devient une Vierge de tendresse. A l'époque gothique, La Vierge à l'Enfant devient un thème artistique majeur ayant comme principale représentation "La Vierge allaitant" ou appelée "Vierge au lait". L'oeuvre du musée de Bailleul correspond à cette tradition.
L'appellation "Primitifs Flamands" est née de l'intérêt qui se manifeste dans la première moitié du 19e siècle pour les Maîtres Primitifs, tout d'abord Italiens. Cet intérêt fut étendu ensuite, courant du 19e siècle, aux Primitifs Flamands.Trois générations se succéderont. On comprend peut-être mieux l'intérêt que porta Benoît De Puydt au 19e siècle à l'acquisition de plusieurs tableaux des Primitifs Flamands. Adriaen Isenbrant auquel est attribuée "La Vierge allaitant" du musée de Bailleul appartient à la troisième génération des Primitifs Flamands. A partir d'une information fournie par Antonio Sanderus (1586-1664) dont le musée de Bailleul possède un exemplaire de livre manuscrit "Flandria Illustrata", nous savons qu'Adriaen Isenbrant fut élève de Gérard David à Bruges. D'ailleurs l'attribution antérieure de notre tableau était Gérard David, tant les similitudes du maître et l'élève sont perçues, le maître lui-même influencé dans ses représentations de Vierge à l'Enfant par Hugo van der Goes. Centre artistique majeur au 15e siècle et au début 16e siècle, Bruges développe particulièrement un thème iconographique : les Saintes.
Leur raffinement montre l'influence de Memling et de Rogier van der Weyden. Quant aux tonalités, elles proviennent de l'influence omniprésente du gantois Hugo van der Goes.
Le peu d’œuvres en provenance de Bruges en regard de celle de Bruxelles semble correspondre en cette fin du 15e siècle – début 16e siècle au déclin économique de la ville dû à l'ensablement du "Zwin" menant à la mer. Anvers lui succédera comme capitale commerciale et artistique de la Flandre. Bruges conserve encore aujourd'hui un patrimoine riche de cette période commerciale et artistique faste. Le tableau du musée correspond à cette époque majeure dans l'histoire de Bruges.
Ces Primitifs Flamands ont peint sur bois et sur toile à part égale. Malheureusement, les toiles ont plus durement assimilé les méfaits du temps.
L'extraordinaire qualité des œuvres du 15e et 16e siècles tient aussi au savoir faire des menuisiers flamands. Une des solutions apportée fut de choisir du chêne sans défaut.
Il fut souvent importé de la Baltique, d'une variété de chêne à croissance lente : pas trop dur et peu sujet au retrait, la fibre étant droite. Ce choix améliora la stabilité des joints, l'adhérence des couches picturales et leur résistance au craquèlement. Les menuisiers optèrent pour des panneaux plus minces, débités sur "quartier", évitant au maximum le jeu du support soumis aux variations climatiques et accroissant la solidité des joints.
Le support bois de notre tableau de Bailleul semble correspondre à ce choix de chêne de la Baltique et semble supporter encore aujourd'hui les aléas climatiques que sa longue histoire lui a fait traversé.
Voici une petite lecture d'un régisseur des œuvres sur le regard porté sur une oeuvre pour laquelle je pourrais poursuivre encore et encore, ligne après ligne....
Je me dis simplement que j'ai de la chance d'exercer ce si beau métier au contact de l'histoire, des histoires d’œuvres..."

Visuel :
Adriaen ISENBRANT ( ? - Bruges 1551)
"La Vierge allaitant Jésus"
Flandre, 16e siècle
Huile sur bois (chêne)
Inv : 992.21.59
1859, Legs Benoît DE PUYDT
© Musée Benoît-De-Puydt

#Culturecheznous
Ville de Bailleul - Service Culture
Ville de Bailleul

Partagé d'après Les musées des Hauts-de-France

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