Musée CRAUK / 12 : Le dévouement d'une mère (suite et fin)
[MUSEE CRAUK / 12 : LE DEVOUEMENT D’UNE MERE (SUITE ET FIN)]
Madame Crauk doit donc lutter bec et ongles pour faire vivre l’œuvre et la mémoire de son mari. Il est bien possible qu’elle ait été mécontente du sort réservé à « son » musée, et qu’elle ait fini par se lasser. Cela pourrait expliquer que le legs qu’elle avait proposé en 1920 en recevant Adolphe Lefrancq à Meudon n’ait jamais été suivi d’effet, alors même que le musée de Cambrai a reçu trois œuvres en legs. On peut noter, enfin, qu’après la mort de la veuve, une vente aux enchères, organisée en son domicile les 26 et 27 mai 1929, a dispersé de nombreuses œuvres d’art, un billard, un piano, du mobilier, des céramiques …
Elle garde la main sur « son » musée, allant jusqu’à refuser le legs de son beau-frère Paul-Edouard Crauk, mort le 12 juin 1921. Il y avait pourtant plusieurs œuvres qui auraient pu trouver place au musée Crauk : des portraits des parents de Crauk, et de ses frère et sœurs Victor, Adèle et Pauline, qui auraient pu intégrer la section « intime » du musée où se trouvaient déjà des portraits de famille, ou de Crauk lui-même, comme par exemple, le médaillon réalisé à Rome en 1852 par son camarade de la villa Médicis Bonnardel. Paul-Edouard avait anticipé ce refus, et en tient compte dans son testament : « au cas où Mme Crauk refuserait ce legs, je lègue ces objets au musée de Valenciennes ». Les œuvres refusées ont donc intégré les collections du musée de l’hôtel de ville, où elles ont brûlé en 1940…
Il semble bien, à ce sujet, que les rapports familiaux aient été peu étroits entre Crauk et ses nombreux frères et sœurs, quasiment jamais évoqués, et dont le sculpteur semble n’avoir fait aucun portrait. Ils étaient pourtant nombreux. La seule exception, jusqu’à preuve du contraire, est une annotation portée sur le buste de Julien Potier où Crauk écrit « Hommage de ses élèves Charles, Adèle, et Gustave Crauk ». Il est possible que l’action en justice intentée (et gagnée) par Crauk envers son frère Jules, au sujet de remboursement de frais d’hébergement, ait jeté un froid dans la famille ! On se souvient aussi des faire-part de décès séparés…
M.G.
Gustave Crauk : Buste de Julien Potier, marbre, inv. 98.59
Sur le côté, on lit l’inscription « HOMMAGE DE SES ELEVES CHARLES - ADELE ET GUSTAVE CRAUK », rare mention par Crauk des membres de sa fratrie…
Vue intérieure de la maison de Gustave Crauk, à Meudon-Bellevue. Cliché aimablement fourni par la Ville de Meudon. Musée d'Art et d'Histoire.