Ouverture du Musée

[HISTOIRE]
215 ans… ou 214 
Le 5 frimaire de l’an 9 (26 novembre 1800), le préfet prend un arrêté demandant au citoyen Demonteville, bibliothécaire de Douai, de « se transporter sur le champ à Valenciennes », pour y faire l’inventaire et l’analyse du dépôt des œuvres d’art (c’est à dire du musée) : il a en effet été informé que parmi les « objets précieux », « une grande partie parait être dans un état de désordre et même de dépérissement ». 
Tout semble avoir pu s’arranger, puisque l’année d’après, le 16 fructidor de l’an 9 (3 septembre 1801), le musée, en tant que collection et non que bâtiment, devait ouvrir au public pour la toute première fois, durant 2 heures. 
Un bémol quand même…l’ouverture n’était prévue que deux heures par mois, le 15.
Nous conservons dans les collections une des affiches annonçant cette ouverture, dont voici un extrait: 
«Depuis long-tems on désire voir réaliser en cette Ville, l’établissement du MUSEE. L’Administration (…) est parvenue par ses efforts constans, et le zèle assidu du Conservateur, à organiser ce dépôt précieux, qui renferme tant de moyens pour exercer les talens et entretenir le goût des lettres.
L’ouverture s’en fera (…) le 16 de ce mois, depuis trois heures jusqu’à cinq, pour le Salon et Galerie des Tableaux et Estampes, et ensuite régulièrement tous les 15 de chaque mois, même heure
Les citoyens qui s’y rendront, sont priés d’observer l’ordre et la tranquillité qu’exigent ces lieux.
Fait à la Mairie de Valenciennes, le 3 Fructidor an 9. »

Guillaume Broekaert, archiviste, a toutefois trouvé un document troublant… En messidor de l’an 10, soit 10 mois plus tard, Joseph Desars, conservateur du musée, écrit au maire: 
« L’arrangement du musée de cette commune sera terminé pour la fin de fructidor, on pourra alors le rendre public pour qu’il puisse servir à l’instruction et à l’utilité des citoyens »… 
Il y a donc un doute quant à l’ouverture effective au public, an 9 ou an 10 ! Peut-être avait-on imprimé trop vite les affiches, avant même que le musée soit en état d’être ouvert ?
Le maréchal Lannes aurait pu visiter le musée, sa mort n’étant survenue qu’en 1809. Kant, Necker, le chevalier d’Eon, l’Amiral Nelson, les compositeurs Boccherini, Haydn, ou Méhul, les peintres Greuze, Hubert Robert ou encore Lagrenée auraient aussi venir. Il y a tout lieu de croire qu’ils ne l’ont pas fait. Tant pis pour eux !
Le musée est toujours vaillant, pour son âge. Tant mieux pour lui !

M.G.