Musée CRAUK / 1 : La gestation
[FEUILLETON AOUTIEN]
VIE ET MORT D’UN MUSEE :
LE CAS DU MUSEE CRAUK, FEUILLETON
Notre régisseur des oeuvres, Marc Goutierre, vous a préparé un feuilleton aoutien sur l’histoire du musée Crauk. Il n’est pas si fréquent que l’on puisse connaître l’histoire d’un musée de son origine à sa disparition. À Valenciennes, quatre musées ont coexisté : le musée des beaux-arts, le musée de l’Hôtel de Ville, le musée d’histoire naturelle, et le musée Crauk. Seul subsiste de nos jours le musée des beaux-arts. Parmi les autres, le musée Gustave Crauk a laissé suffisamment d’empreintes dans les archives pour que l’on puisse retracer son existence du début à la fin. Il n’aura pas vécu quarante ans. Voici l’histoire de sa vie.
[MUSEE CRAUK : 1 - GESTATION]
En 1897, Gustave Crauk, habite à Meudon et a son atelier à Paris, 114 rue de Vaugirard dont il peine à payer le loyer. Il s’interroge sur son œuvre après son décès. Ses créations sont dispersées : « ne pourrait-il pas réunir tous les modèles qu’il possède [et] les maquettes de ceux qui ne sont plus en son atelier [pour] former du tout un musée comme David en a un à Angers, Rude à Dijon… ». Il pense forcément aussi à Carpeaux, qui a son « Musée Carpeaux » à Valenciennes, depuis 1882.
En 1898, Julien Dècle, conservateur du musée, sollicite le sculpteur pour qu'il conserve pour Valenciennes les moules de ses ouvrages principaux afin d'en avoir des tirages, « le tout devant être placé dans le futur musée de sculpture de la ville ». Crauk se demande si la ville est décidée à supporter des frais de moulage ? On prévoit d’envoyer un membre de la commission du musée à Paris pour se rendre compte de l'importance des oeuvres et pour débattre le prix avec un mouleur. La ville ferait une bonne affaire ayant le tout au prix du moulage. Dècle appuie donc sa demande de son ami.
La démarche de Crauk est rétrospective, il cherche à reconstituer son œuvre, à l’inverse de Carpeaux, qui voulait dès 1860 laisser à Valenciennes un exemplaire de tout ce qu’il pourrait encore produire. Il est vrai que Crauk est âgé de 70 ans, alors que Carpeaux n’avait que 33 ans à l’époque où il faisait ce projet. Un accord est conclu avec Valenciennes, et se pose alors le problème du local : le musée de l’hôtel de ville est plein et le Palais des beaux-arts n’est encore qu’un projet.
M.G.
Louis Verchain : La Maison de Crauk à Meudon, aquarelle sur papier, inv. 2012.0.96
Constant Moyaux : Maison de Gustave Crauk à Bellevue, aquarelle sur papier, inv. 2013.1.1
Gustave Crauk cueille du raisin, en compagnie de son épouse
Layraud : Portrait de Julien Dècle, conservateur du musée, inv. 2013.0.59. Julien Dècle arbore ici sa légion d’honneur, dont il sera déchu en 1900…